Le dimanche 14 avril marquait le début des festivités au Masa, le Marché des arts du spectacle africain à Abidjan. Pour cette première journée, pas moins de 28 spectacles gratuits étaient proposés au Palais de la culture. Parmi cette programmation riche et variée, une révélation a émergé : la compagnie malienne Anw Jigi Art, qui a captivé les spectateurs avec une pièce de théâtre percutante.
Une standing ovation, des larmes coulant sur scène comme dans la salle : le pouvoir du pagne, créé par Jeanne Diama, auteure, et Assitan Tangara, metteure en scène, a été la sensation de ce Masa. La compagnie Anw Jigi Art y dénonce l’hypocrisie omniprésente dans une société patriarcale, où les hommes exercent leur pouvoir sur leurs proches féminins au gré de leurs désirs sexuels, des traditions ou des normes sociales.
Le texte incisif de Jeanne Diama aborde avec force, humour et ironie les dynamiques hommes-femmes : « C’est vrai qu’on est dans une société où on ne dit pas généralement les choses crues, de cette manière, mais je pense qu’ils vont s’y faire à un moment donné. On essaie quand même d’aller dans l’autodérision et de faire prendre conscience aussi aux femmes qu’elles ont une part à jouer dans l’histoire. Donc je pense que les hommes se sentent plus concernés que quand ils entendent très généralement que tout est de leur faute. »
« Le vrai pouvoir de la femme, c’est de savoir serrer le nœud de son pagne », déclarent les comédiennes, soulignant l’importance de savoir écrire et jouer des pièces qui touchent le cœur et l’esprit de tous les spectateurs.
Assitan Tangara, metteure en scène, exprime également l’importance de cette pièce pour les femmes artistes : « Cette pièce, ça parle de nous, en tant que femmes, en tant qu’artistes, en tant que mères, nous portons cette histoire en nous. Ce sont les hommes qui ont voulu transformer les choses à leur avantage, et maintenant, nous, la jeune génération, on voudrait que ça change et le changement ne peut venir que de nous. »
Le Masa promet encore des dizaines de spectacles gratuits et variés chaque jour jusqu’à samedi prochain. La compagnie Anw Jigi Art a indéniablement marqué les esprits avec sa pièce contemporaine dénonçant les travers d’une société patriarcale.
