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Tunisie : Démantèlement de camps de migrants subsahariens dans un climat de tensions

Tunisie : Démantèlement de camps de migrants subsahariens dans un climat de tensions

Tunis, 4 avril 2025 – Les autorités tunisiennes ont procédé vendredi au démantèlement de plusieurs camps de fortune de migrants subsahariens installés dans les régions d’El Amra et Jebeniana (centre-est du pays), où vivaient des milliers de migrants venus d’Afrique subsaharienne. Cette opération survient alors qu’une campagne virulente sur les réseaux sociaux appelait au départ de ces personnes en situation irrégulière, dans un contexte déjà marqué par des tensions et des violences à caractère raciste.

Selon la Garde nationale tunisienne, environ 20 000 migrants s’étaient regroupés dans des camps informels, dont le plus important, surnommé « kilomètre 24 », a été évacué dès jeudi. Près de 4 000 personnes, de différentes nationalités, ont été contraintes de quitter les lieux. D’autres camps dans les oliveraies ont également été démantelés.

« Les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes enceintes, ont été prises en charge par les services sanitaires« , a indiqué Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la Garde nationale.

Cependant, de nombreuses personnes ont été « dispersées dans la nature », et certaines auraient exprimé le souhait de rentrer volontairement dans leur pays d’origine.

Les camps, installés sur des propriétés privées, étaient devenus un point de friction avec les habitants des zones rurales avoisinantes. Plusieurs dossiers étaient en cours de traitement devant la justice. « Il était de notre devoir de mettre fin à cette situation de désordre« , a déclaré Jebabli.

Sur les lieux du camp évacué, seuls subsistaient vendredi soir quelques effets personnels abandonnés, des matelas calcinés et des objets épars, témoins silencieux d’un départ précipité.

Ce démantèlement intervient peu après une nouvelle déclaration du président Kaïs Saïed, qui a exhorté l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier les retours volontaires de migrants en situation irrégulière. Le chef de l’État tunisien s’est régulièrement illustré par des propos jugés hostiles à l’égard des migrants subsahariens.

En février 2023, il avait notamment dénoncé l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens » qui, selon lui, risquaient de « changer la composition démographique de la Tunisie ». Ces déclarations avaient entraîné une vague d’agressions, d’expulsions et des rapatriements organisés par plusieurs ambassades africaines.

La Tunisie reste un point de transit stratégique pour les migrants africains souhaitant rejoindre l’Europe via les côtes italiennes. Toutefois, le durcissement des politiques migratoires, conjugué à une rhétorique nationale de plus en plus ferme, aggrave la situation de précarité et de vulnérabilité des migrants sur le sol tunisien.

Alors que les ONG appellent à une approche plus humaine et respectueuse des droits fondamentaux, la Tunisie semble poursuivre une politique sécuritaire et répressive face à la crise migratoire.

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