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Le Chemin d’Issiaka Ouédraogo : De Pisteur de Cacao Analphabète à Tycoon Financier en Côte d’Ivoire

Le Chemin d'Issiaka Ouédraogo : De Pisteur de Cacao Analphabète à Tycoon Financier en Côte d'Ivoire

Issiaka Ouédraogo, nouvel arrivant en Côte d’Ivoire, est un fin connaisseur du marché du cacao. Bien qu’il soit analphabète, il excelle dans le commerce grâce à son flair inné. Avec un fonds de roulement de 10 millions de FCFA, il peut acheter environ 8 tonnes de fèves après avoir pris en compte les dépenses. Pendant ce temps, Kouamé Patrice, un cultivateur de cacao, possède une parcelle de 10 hectares. Sur les 20 prochaines années, cette parcelle devrait produire au moins 40 tonnes de cacao par an, ce qui équivaut à un chiffre d’affaires de 800 millions de FCFA sur deux décennies.

Issiaka Ouédraogo et l’Art de l’Ingénierie Financière

Issiaka Ouédraogo a une vision financière qui va au-delà des estimations à court terme. Alors que beaucoup pourraient se décourager devant la dureté des travaux agricoles et des revenus modestes comparés à ceux affichés sur les réseaux sociaux, Issiaka rêve en grand. Face à cette réalité, il prend la décision de vendre sa parcelle, misant sur une année de revenus payables en une seule fois, soit 40 millions de FCFA. Un montant non négligeable lorsqu’il est perçu d’un coup.

Avec son capital de départ de 10 millions, Issiaka conclut un accord avec son acheteur, promettant de lui livrer au moins 30 tonnes de cacao, avec une marge de sécurité de 10 tonnes en cas d’imprévu. Les 30 millions obtenus sont investis dans la campagne, équivalant à peu près à un seul camion-remorque de cacao, une somme insignifiante dans le commerce pratiqué par les puissants opérateurs libanais, qui fonctionnent souvent sans aucun reçu.

Issiaka utilise ensuite ces fonds ainsi que ses 10 millions initiaux pour racheter la parcelle qu’il avait vendue. Désormais à court de liquidités pour les frais opérationnels, il travaille avec des transporteurs locaux qui lui accordent des crédits. À chaque livraison, il touche une prime pour la qualité, avec laquelle il paie les chargeurs, les transporteurs et autres frais. À la fin de la saison, il honore ses engagements envers son acheteur et reçoit un financement supérieur.

Bien qu’endetté malgré sa marge de sécurité, Issiaka bénéficie de la confiance de ses créanciers. Il prévoit de rembourser ses dettes lors des prochaines saisons de récolte de cacao. Désormais, il est non seulement un cultivateur, mais il possède également légalement une parcelle de 10 hectares, rassurant ainsi ses créanciers et espérant générer plus d’un milliard de FCFA au cours des 20 prochaines années, compte tenu des augmentations de prix prévues. Même en cas de retournement de situation, il gagnera bien plus que son capital initial de 10 millions de FCFA. C’est ce qu’on appelle l’ingénierie financière, une stratégie accessible à tous, sans nécessité d’être un expert en la matière.

Des figures comme Bernard Arnault, homme le plus riche du monde, ainsi que Bolloré et Lagardère, ont tous utilisé des techniques d’ingénierie financière pour bâtir leurs empires. Une méthode courante est celle de la « poulie bretonne », où une holding est créée dans un paradis fiscal pour acquérir une entreprise, permettant ainsi des montages financiers avantageux.

Issiaka, pour protéger ses actifs des fluctuations du marché immobilier ivoirien, enregistre ses biens au nom d’un ami de confiance chargé des opérations sur le terrain. Cette pratique, parfaitement légale, sera répétée pour d’autres cultures agricoles.

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AfroPlaneteMag
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