Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a vivement critiqué son homologue israélien, Benjamin Netanyahou, l’accusant samedi de prolonger le conflit à Gaza pour préserver sa propre survie politique. Il a également plaidé pour l’isolement d’Israël afin de mettre fin à ce qu’il qualifie de « barbarie cautionnée par certains pays occidentaux. »
« Nous avons un Premier ministre israélien dont le maintien au pouvoir dépend de cette guerre, dont la survie politique repose sur ce conflit, et qui est prêt à piétiner des milliers de cadavres pour rester en poste et éviter de rendre des comptes devant la justice de son pays », a déclaré M. Sonko lors d’un rassemblement de soutien aux Palestiniens à la Grande Mosquée de Dakar, où plusieurs centaines de personnes étaient présentes.
Portant une écharpe aux couleurs palestiniennes, M. Sonko a appelé à unir tous ceux qui dénoncent cette injustice et à œuvrer pour une solution politique qui passerait par l’isolement de l’État d’Israël, tant sur le plan politique qu’international.
« Il est impératif de mettre un terme à cette barbarie humaine, validée et cautionnée par certains pays occidentaux », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a qualifié les opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens d' »extermination » et a dénoncé l' »injustice » que subissent les Palestiniens depuis la création de l’État d’Israël en 1948.
M. Sonko a également souligné les « multiples divisions » qui empêchent les musulmans et les Africains de « parler d’une seule voix » face à cette crise.
Il a déploré le silence de certains pays musulmans, notant que depuis le début de la crise, les actions les plus visibles en soutien aux Palestiniens ont été menées par l’Afrique du Sud, où les musulmans sont pourtant très minoritaires, ainsi que par certains pays d’Amérique latine.
En revanche, il a critiqué ceux qui « prônent la démocratie et les droits de l’Homme » tout en soutenant Israël et en l’armant.
Le Sénégal, qui a historiquement soutenu les Palestiniens sur la scène internationale et entretient des liens étroits avec le monde arabe, préside depuis les années 1970 le Comité onusien pour les droits inaliénables du peuple palestinien. Le pays soutient une solution à deux États tout en maintenant des relations diplomatiques avec Israël, l’un des premiers pays à avoir reconnu son indépendance en 1960.
Les relations entre le Sénégal et Israël ont varié en fonction du conflit israélo-palestinien. En décembre 2016, le Sénégal avait co-parrainé la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations Unies, condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. Cette décision avait provoqué la colère du gouvernement israélien, qui avait pris des sanctions diplomatiques et économiques contre le Sénégal.
Cependant, en juin 2017, lors du sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Liberia, les deux pays avaient annoncé la normalisation de leurs relations, avec la participation de Benjamin Netanyahu.
Samedi, M. Sonko avait annoncé sur les réseaux sociaux sa participation au rassemblement pro-palestinien prévu dans l’après-midi, précisant qu’il n’avait pas été invité mais qu’il avait informé le président Bassirou Diomaye Faye de sa venue. Celui-ci lui aurait répondu qu’il devait « impérativement » représenter le Sénégal à cet événement.
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