Migration d’Afrique subsaharienne– Les Nations unies et leurs partenaires ont mis en lumière une tendance alarmante : de plus en plus de migrants et de réfugiés en Afrique se dirigent vers le nord en direction de la Méditerranée et de l’Europe, exposés à des dangers extrêmes le long de leur parcours. Traversant des routes périlleuses à travers le Sahara, ils sont souvent confrontés à l’esclavage, au trafic d’organes, au viol, aux enlèvements pour rançon et à d’autres abus perpétrés par des bandes criminelles.
Un nouveau rapport, publié récemment par les agences des Nations unies pour les réfugiés et les migrations ainsi que par le Mixed Migration Centre, met en lumière une réalité troublante : les passages terrestres en Afrique sont désormais deux fois plus mortels que les traversées maritimes à travers la Méditerranée, déjà réputées comme les plus meurtrières au monde pour les migrants.
Intitulé « On this Journey, No One Cares If You Live Or Die« , le rapport attribue cette augmentation des voyages vers la Méditerranée à de nouveaux conflits et à l’instabilité croissante dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Soudan. Les pays d’origine les plus fréquents des migrants incluent le Nigeria, la Côte d’Ivoire et la Guinée.
Cette escalade survient dans un contexte où certains politiciens, notamment en Europe, exploitent les sentiments anti-immigrés, particulièrement en cette année d’élections cruciales. Cependant, les causes profondes des flux migratoires restent les conflits, les difficultés économiques, la répression politique et les effets dévastateurs du changement climatique dans de nombreuses régions en développement, poussant les individus à risquer leur vie pour franchir les frontières.
Le rapport met en garde contre les conditions de plus en plus dangereuses le long des routes terrestres menant à la Méditerranée, où plus de 72 000 personnes ont entrepris la traversée au cours du premier semestre de l’année. Malheureusement, 785 personnes ont perdu la vie ou sont portées disparues au cours de ces six mois, selon les chiffres du HCR.
L’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies a également signalé que plus de 3 100 personnes avaient péri lors de tentatives de traversée de la Méditerranée l’année précédente.
Les auteurs du rapport soulignent l’inadéquation de la réponse internationale face à cette crise, mettant en lumière de graves lacunes dans la protection et l’assistance aux personnes entreprenant ce voyage périlleux. Les zones où opèrent des groupes insurgés, des milices et d’autres acteurs criminels sont devenues des territoires de traite d’êtres humains, d’enlèvements contre rançon, de travail forcé et d’exploitation sexuelle, comme le rapport l’illustre à travers les témoignages de plus de 31 000 personnes.
Bien que les statistiques complètes sur les décès le long des routes terrestres en Afrique fassent défaut, le HCR a averti que le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile en Tunisie, un pays clé de transit, devrait considérablement augmenter d’ici 2023.
Enfin, le rapport expose des données alarmantes : entre janvier 2020 et mai 2024, au moins 1 180 personnes sont décédées en traversant le désert du Sahara, bien que ce chiffre soit largement sous-estimé selon les estimations.
Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR, a également mis en lumière une augmentation du risque de violence sexuelle et d’enlèvement le long de ces routes dangereuses. Le risque d’enlèvement est particulièrement préoccupant, signalé par 18 % des personnes interrogées, contre seulement 2 % il y a quatre ans. La pratique choquante des prélèvements d’organes a également été documentée, où des migrants sont parfois victimes de ces actes sans leur consentement, illustrant la cruauté extrême rencontrée lors de leur voyage désespéré vers l’espoir d’une vie meilleure.
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