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Guinée : Les promesses brisées de la Liberté de la Presse sous le régime de transition

Guinée : Les promesses brisées de la Liberté de la Presse sous le régime de transition

Depuis le coup d’État de septembre 2021, le régime de transition en Guinée n’a pas réussi à tenir ses engagements en matière de liberté de la presse. Malgré la diversité des médias présents, les obstacles et les attaques à l’encontre des journalistes et des médias se sont multipliés de manière alarmante.

Le paysage médiatique guinéen était florissant depuis les années 1990, avec une multitude de journaux hebdomadaires, radios, chaînes de télévision et sites d’information. La pluralité des médias était une réalité, soutenue par la loi sur la liberté de la presse de 2010, qui visait à empêcher une concentration excessive des médias. Cependant, sous le régime de transition, la production d’informations critiques est devenue de plus en plus difficile. Plusieurs stations de radio privées subissent un brouillage constant depuis novembre 2023, tandis que l’accès à certaines chaînes de télévision privées est quasiment impossible. De plus, plusieurs sites d’information ont été bloqués pendant des semaines sans explication en 2023.

Malgré les engagements initiaux du gouvernement de transition à respecter la liberté de la presse, les atteintes contre les médias se sont multipliées ces derniers mois. Les médias ciblés sont généralement ceux qui adoptent une ligne éditoriale libre et critique. Par exemple, trois chaînes de télévision ont été retirées des bouquets télévisuels en décembre 2023 pour des raisons de « sécurité nationale ». De même, l’accès aux réseaux sociaux a été bloqué pendant trois mois sous prétexte de « problèmes sécuritaires ».

Sur le plan légal, bien que la loi sur la liberté de la presse de 2010 ait aboli les peines privatives de liberté pour les délits de presse, des journalistes continuent d’être convoqués ou arrêtés. De plus, la loi organique sur le droit d’accès à l’information publique, adoptée en novembre 2020, n’est toujours pas en vigueur. En outre, la Haute Autorité de la communication (HAC) a suspendu cinq journalistes en septembre 2022 sans respecter les procédures légales.

Sur le plan économique, les médias publics sont privilégiés au détriment des médias privés en Guinée. Les subventions accordées aux médias privés sont jugées insuffisantes, et leur fonctionnement dépend largement des annonceurs. Lorsque ces médias sont restreints ou censurés, les annonceurs se montrent réticents, ce qui entraîne une diminution des ressources et met les journalistes au chômage.

Sur le plan socioculturel, certains sujets sensibles comme l’homosexualité, la polygamie ou les violences conjugales sont abordés avec prudence pour ne pas heurter la morale publique. Les journalistes traitant de questions telles que la lutte contre les mutilations génitales féminines ou le mariage forcé peuvent être ciblés par des groupes d’intérêt religieux.

En ce qui concerne la sécurité, les journalistes sont régulièrement victimes d’agressions, de menaces de mort et de harcèlement, notamment lors de manifestations politiques. Les auteurs de ces actes de violence, souvent des agents des forces de l’ordre ou des militants politiques, restent généralement impunis. Par exemple, le secrétaire général du principal syndicat de la presse a été détenu pendant plus d’un mois pour avoir tenté d’organiser une manifestation en faveur de la liberté de la presse. De même, un journaliste français a été expulsé début 2024 alors qu’il enquêtait sur des cas de corruption au sein de la Société nationale des pétroles (SONAP).

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